J’étends du mouvement encore humide
« J'étends du mouvement encore humide » : c’est la première fois que j’expose. Galerie Saint Ravy à Montpellier. Les toiles ne sont pas encore sèches.
J’étends du mouvement encore humide
C’est la première fois que j’étends,
comme ça du mouvement encore humide.
Comme une
migration. Un changement d’air.
J’ai retenu du temps.
J’ai arrêté la danse. Pour quelque mois.
Six mois d’arrêt.
Je peux même dire que ça faisait un moment
que c’était là mais la peinture réclame son dû, son étendue.
J’ai investi la chambre, celle qui sert pour les amis, recouvert le carrelage de carton, des fois que ça me dépasse. J’ai posé de l’état, de la couleur et puis des couches. Parfois des plaques de verre. Parfois j’ai opéré comme un curetage.
C’était comme retenu, une apnée d’huile.
Je peux dire que c’était bon. Bon comme une distance qui crée du devenir. Bon comme un réveil très matinal, une odeur de varech sur une terre d’ombre.
S’exposer, c’est poser hors de soi, c’est donner à voir, à d’autres, un peu de son état sauvage.
Certainement même qu’il y a quelque chose que l’on expose avec quoi l’on vit et qu’on ne sait pas.
Un espace pour entendre des migrations qui sèchent.