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Balayer l’aube

« Balayer l'aube » : à cette période-là, j'ai envie justement de changer d'air. C'est un temps où je me lève tous les jours à 5h du matin (je prépare le soir le papier au Gesso) et j'essaie de capter les couleurs entre la fin de la nuit et le début du jour.

Ce serait comme un rituel. Dans le noir du petit matin, je cernerais les pinceaux, toucherais les angles du papier, la pâte molle sous le fin polyane, sentirais le Gesso et le pigment passé de la veille. Je laisserais se déposer le bruissement de l’huile, le crissement de la brosse. Je me mettrais à balayer la nuit jonchée d’étoiles et à guetter l’arrivée de Mercure dans le ciel de l’aube. Ce serait juste pour le plaisir de conserver une moitié de nuit chacun.

Une fois que l’aube aura franchi le seuil triangulaire de mon atelier, que je ne verrais plus sa silhouette familière avec ses nuances de rose tendre, ses bleus fragiles et ses pâles verdures, je descendrais déjeuner.

Balayer l’aube ce serait brosser les couleurs de l’attente.

Janvier 2016

L'Enceinte - Lieu d'accueil